Balade irlandaise en plein cœur du Médoc !

Poussés à l’exil par les Anglais, touchés par la famine, bien des Irlandais tentèrent leur chance en Gironde au fil des siècles et plus précisément dans le Médoc, passant du courtage en vin à la viticulture et réussissant parfois brillamment dans le vignoble. Ce qui fit la fortune du territoire et la leur également !

Au cours des siècles passés, de nombreuses familles irlandaises furent heureuses de se poser sur les terres médocaines. Tel fut le cas au XVIIIème siècle d’Abraham Lawton, de Thomas Barton, sans compter les célèbres négociants de la place de Bordeaux comme Kirwan, Clarke, Dillon, Phelan ou encore Lynch.

 

Château Kirwan

D’où vient le nom de Kirwan qui résonne à nos oreilles comme un terme venu d’ailleurs ? Sa musicalité évoque des terres plus septentrionales que celles de ses vignes, plantées sur le plateau de Cantenac. Témoin de l’âge d’or de Bordeaux, le château porte le nom d’une grande lignée de marchands irlandais. Mark Kirwan en hérite en 1760, en épousant l’une des filles de Sir John Collingwood, négociant anglais de Bordeaux.

Les vins de la propriété disposent déjà d’une solide réputation. Leur renommée va aller en se confirmant. Le nouveau propriétaire baptise le vignoble de son nom pour permettre aux marchands étrangers de mieux distinguer ses vins grâce à leur sonorité anglo-saxonne. Classé au second rang des grands crus par Thomas Jefferson, amateur éclairé, alors ambassadeur des Etats-Unis en France, le vins de Kirwan héritent, sous sa plume seulement, d’une prononciation et d’une orthographe nouvelles, « Quirouen » !

 

 

Château Boyd-Cantenac

Le domaine viticole est créé en 1754 par Jacques Boyd, écuyer, issu d’une famille de Belfast, dont une partie a émigré en France au cours du XVIIème siècle. Malgré son vin déjà fort apprécié (classé troisième cru de Cantenac par le courtier Labadie en 1776), la famille Boyd fait faillite peu avant la Révolution française. En 1806, John Lewis Brown, négociant et armateur bordelais originaire d’Écosse et époux de la petite-fille de Jacques Boyd, se porte acquéreur de la propriété. Confronté à des difficultés financières, il la revend en 1843 au banquier Gromard et à Monsieur Verrière : cette vente constitue les prémices du partage du vignoble entre les futurs Château Cantenac-Brown et Château Boyd-Cantenac. En 1855, Château Boyd-Cantenac (alors Château Boyd) est classé troisième cru lors du grand classement des vins du Médoc, cependant les épidémies qui s’abattent sur le vignoble de Bordeaux portent un coup fatal à la production de vin du domaine, ce dernier cessant tout à fait d’exister à la fin du XIXème siècle. Reconstitué par les familles Laurent et Ginestet au début du XXème siècle, Château Boyd-Cantenac est depuis 1932 propriété de la famille Guillemet.

 

Voici deux belles adresses où l’histoire fleure bon le trèfle gaélique !