Les lavoirs en Médoc, lieux de mémoire où résonnent écho des battoirs et des bavardages !

La plupart des lavoirs parsèment nos villes et nos villages, comme sur les communes avoisinantes d’Arsac, Cussac, Lamarque, Arcins, Soussans, … et bien d’autres, et sont de construction tout au plus centenaire. Ces espaces dédiés aux bavardages sont nés avec le XXème siècle et, dès son milieu, se sont retrouvés techniquement dépassés.

Pourtant source de progrès hygiénique indéniable, ils ont permis une petite révolution. Autrefois, ce n’était que dans les châteaux, chez les nobles, ou les très riches bourgeois, que l’on faisait laver le linge dans des bassins privés.

Le progrès industriel aidant, les mœurs évoluant, petit à petit l’achat et donc l’entretien du linge devint un problème. L’eau au robinet n’étant pas encore inventée, il fallut dédier des endroits à cette unique possibilité, les lavoirs étaient nés … Construits avec des matériaux du pays sur les berges des rivières ou ruisseaux, ils avaient souvent la double fonction d’abreuvoir-lavoir.

Parler des lavoirs sans mentionner les lavandières serait une hérésie !! Ces grandes travailleuses, dures à la tâche, étaient surtout des mères de famille souvent nombreuses. Quelques-unes avaient fait du métier leur profession et se louaient aux « riches » qui pouvaient se permettre de ne pas se mouiller les mains. Ces femmes aux biceps durcis par les coups de battoirs, aux mains percluses de rhumatismes, aux doigts perlés de bulles de savon étaient nos arrières grands-mères, nos grands-mères, nos aïeules.

Rassembler dans un endroit « discret » plus de trois lavandières aux mœurs rudes et langage châtié ne pouvait que se terminer en « radio village », même si ce terme, à l’époque, n’était pas encore inventé. Mais dans ce délicieux mélange d’âge, se transmettaient des recettes culinaires, des conseils ménagers, des remèdes locaux, des astuces anti-tâches et parfois même des cours d’éducation sexuelle !!

Aussitôt passé la Seconde Guerre Mondiale, la fée électricité éclairant les campagnes, l’eau courante s’exhibant sans peine en tournant un simple robinet, la modernisation pénétrant à chaque domicile, la machine à laver est arrivée au foyer.

Aujourd’hui, les lavandières ont disparu mais les cancans résonnent encore dans les bassins aux eaux couleur bleu-vert.

Sur le territoire estuarien sont toujours conservés ces magnifiques lieux de rencontres exclusivement féminins qui permettent d’imaginer l’animation qui régnait en ces lieux !